Big Data Small Brother Et Ere Glaciaire 🗃️
📦 Un vieux billet exhumé de mon ancien blog. Attention, poussière possible !
🏷 Big Data, Small Brother et Ère Glaciaire
🗓 mar. 26 septembre 2017
Article publié initialement sur le blog Versusmind.eu
J’enfoncerais des portes ouvertes si je faisais ici le détail de ce qu’est le Big Data.
Intéressons-nous plutôt aux données individuelles — toutes ces petites choses auxquelles nous prêtons peu attention : surfer, utiliser des objets connectés, prendre les transports en commun, payer une facture par virement…
Mises bout à bout, toutes ces miettes forment assez de pain pour ouvrir une boulangerie.
Le pouvoir du dérivé
Le Big Data n’est ni bon ni mauvais en soi : tout dépend de l’usage qu’on en fait.
Sur la base de ces données, il devient possible de déduire vos préférences sexuelles, politiques ou religieuses, vos hobbies, vos habitudes de santé ou alimentaires, votre niveau d’étude, etc.
Ces données dérivées sont issues d’algorithmes et de recoupements — non déclaratives, donc moins protégées… mais bien plus précieuses. Le nouveau pétrole de la décennie.
Le business des data brokers
C’est même un métier : data broker ou courtier de données. Ces entreprises achètent des données à des fournisseurs (réseaux sociaux, transporteurs...) pour les revendre à des acteurs marketing, souvent enrichies, recoupées, valorisées.
La réputation numérique
Nous adaptons nos comportements en fonction du regard des autres.
🕳 L’exemple du trou de serrure : vous n’osez pas regarder si vous savez que vous êtes observé.
Même en ligne, ce principe reste vrai. Les utilisateurs ont appris à gérer leur réputation numérique : on surveille ce qu’on publie, on cloisonne ses profils, on évite certains clics.
Un exemple ? En 2017, la compagnie de transports de Strasbourg a poursuivi des internautes pour des propos tenus sur les réseaux sociaux (lire l'article).
Le refroidissement numérique ❄️
L’idée que nos actes numériques ont des conséquences concrètes progresse : un job refusé pour cause de profil Facebook douteux, une banque qui scrute vos likes pour estimer vos risques de santé...
Le chercheur néerlandais Tijmen Schep appelle cela le refroidissement numérique (social cooling), qu’il théorise sur son site officiel.
Il en identifie trois effets principaux :
- une culture de la conformité
- une aversion au risque
- une rigidité sociale
Une dystopie douce ?
Schep va jusqu’à comparer ce phénomène au réchauffement climatique : invisible, global, lent... et potentiellement irréversible sans action collective.
Des voix s’élèvent pour imaginer des solutions :
- 📛 le droit à l’oubli numérique
- 🪪 une faillite d’identité : changer d’identité numérique comme on changerait de vie
- 🌐 des réseaux sociaux instanciés ou auto-hébergés
- 🚫 le Do Not Track intégré aux navigateurs
- 🧾 une collecte raisonnée des données
- 🏛 des réglementations solides (comme le RGPD)
Et maintenant ?
Si les données dérivées sont bien le « nouveau pétrole », alors il est temps d’inventer les nouvelles énergies renouvelables de l’économie numérique.
Peut-être est-ce ça, le véritable moteur du futur ?